La métaphore de l’intrus
27 janvier 2017
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Voici un texte transmis par un internaute, que nous remercions.
Une façon de parler du livre « Un moment avec Jésus » (voir l’article à ce sujet) , de ses tenants et aboutissants.
L’histoire se passe à l’époque où le téléphone en est à ses débuts. Encore très peu de particuliers en possèdent un.
Joséphine et Alexandre sont fiancés depuis quelques semaines quand, pour des raisons professionnelles, ce dernier part, pour un certain temps, travailler dans un pays lointain.
Là où il se trouve à présent, Alexandre dispose du téléphone. Ce qui n’est pas le cas de Joséphine. Tout naturellement, les deux jeunes gens décident de communiquer par courrier. La correspondance entre les deux pays requiert beaucoup de temps. Les lettres arrivent, mais très espacées.
Or Joséphine a, parmi ses relations, une certaine Hortense qui habite dans une ville assez éloignée de la sienne. Cette personne connaît également Alexandre, et a été informée de ses fiançailles avec Joséphine. De plus, elle est au courant de leur situation momentanée et des lenteurs du courrier.
Un matin, Joséphine reçoit une lettre dans laquelle la dite Hortense lui apprend qu’elle a parlé récemment avec Alexandre au téléphone. Elle l’a écouté avec attention et a noté, aussi fidèlement que possible, ce qu’il voulait communiquer à sa bien aimée. Elle joint donc à la présente une transcription du message d’amour laissé par Alexandre.
Un message de même facture arrive le lendemain, une autre le jour suivant. Ainsi, à la plus grande joie de la jeune femme, s’établit entre les fiancés un mode de communication indirect mais suivi. Bientôt, Joséphine peut serrer sur son cœur une pile de missives composée des messages de son chéri communiqués chaque jour par Hortense et des lettres, davantage espacées, qu’elle reçoit de lui directement.
Dans celles-ci, Alexandre aborde des thèmes fondamentaux pour pouvoir construire une vie de couple solide. Mais, curieusement, ces thèmes sont absents des messages transmis par Hortense. Autre point qui pourrait intriguer Joséphine : dans ses lettres en direct, Alexandre s’exprime sans effets de style, sans ambages, sans mièvrerie, en allant tout de suite en profondeur, alors que les messages retranscrits par Hortense ont quelque chose de romantique. Ils sont parfois déclamés avec emphase, souvent susurrés de façon un tantinet mielleuse. Ils se veulent confidentiels, intimistes. Ils font chaud au cœur de Joséphine, au point qu’au fil du temps elle est davantage portée vers ces messages quotidiens que vers les lettres écrites de la main même de son fiancé.
Dans la fièvre de l’idylle qu’elle est en train de vivre, elle ne se rend pas compte de la dichotomie, pourtant flagrante, entre les lettres qui lui viennent en direct d’Alexandre et les messages retranscrits par Hortense. Mais certaines des amies auxquelles elle se confie ont assez de recul pour percevoir que quelque chose sonne faux dans l’affaire. Pour elles, il est évident que les messages retranscrits ne proviennent pas d’Alexandre.
Mais alors, quel est l’intrus qui se fait passer pour ce dernier ? Tout de suite, on suspecte bien évidemment Hortense. Elle a la plume facile ; elle pourrait bien rédiger de sa propre initiative, et selon sa propre inspiration, de soit disant messages d’Alexandre à Joséphine. Cependant, on ne peut s’arrêter à cette seule hypothèse.
Il n’est pas impossible qu’elle s’entretienne régulièrement par téléphone avec quelqu’un qui ne serait pas le fiancé mais qui se ferait passer ou qu’elle-même ferait passer pour tel auprès de Joséphine. Dans ce cas, soit cet imposteur lui dicterait des messages à écrire mot pour mot, soit il les lui « soufflerait », à la suite de quoi elle les écrirait à sa manière et en y ajoutant sa pâte.
Qui donc trouverait intérêt à se livrer à un jeu aussi pernicieux ? Les yeux se portent alors vers un second suspect. Au nombre des connaissances communes de Joséphine, d’Alexandre et d’Hortense figure un personnage ténébreux, peu intéressant, et qui s’était fait insistant auprès de Joséphine. Ayant choisi Alexandre pour futur époux, elle avait dû s’opposer fermement à ses avances. Quel autre que ce prétendant éconduit et jaloux aurait un plaisir malin à s’inviter frauduleusement dans le duo entre les fiancés afin d’y glisser de fausses notes ?
Une question reste en suspend : Hortense est-elle la marionnette ou la complice de cet intrus ? Peu importe, avancent certains, du moment que, chaque jour, à la lecture des messages retranscrits, Joséphine se fait plaisir en pensant vivre « un moment avec Alexandre »… Mais est-ce ainsi, c’est-à-dire sans authentifier la voix de celui qui lui communique des messages d’amour, qu’elle pourra construire avec son bien aimé – le vrai – une relation authentique ?
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